« Une cigale ayant chanté tout l’été se trouva bien dépourvue quand la bise fut venue. »
Dans le sud de nos pays fût un être bien incompris.
Éprise de ciel et de liberté, à chanter elle fût destinée.
Car la cymbale est à la cigale. Ce que le miel est à l’abeille.
Ça vient des tripes c’est guttural.
C’est un instinct tout naturel.
Ça ne mange pas pain ça ne fait pas mal. C’est juste que ça fait pas normal.
Puis cette cigale ce qu’elle adore, c’est la liberté et vivre dehors.
Elle passe donc l’été à chanter, du lever du soleil au coucher.
Enchantant ainsi tous les ans, les plaisanciers, les estivants.
Ceux qu’elle faisait vraiment kiffer c’étaient les surtout les vacanciers,
Allemands, Belges ou Hollandais pour l’écouter s’en revenaient.
Arrivés à la caravane, son chant leur donnait la banane. Ils se posaient tendaient l’oreille. En oubliait presque l’oseille.
La cigale, elle ne calcule pas, son chant gratis elle offrira.
Car rendre les gens heureux n’a pas de prix’. De leur sourire elle se suffit.
Mais quand arrivent les jours froids, les Hollandais ne sont plus là.
La cigale sans villégiature, n’a rien pour payer ses factures.
Sans eux alors, elle s’éteint un peu et son chant se fait moins moelleux.
Que faire d’un talent artistique si n’émeut pas un bon public?
La voilà seule et sans le sous car le chant ne vaut pas un clou.
C’est que dans cette réalité, le chant est peu valorisé.
Ça ne rapporte rien lui dit-on. Ça n’produit pas assez de pognon.
« Elle alla crier famine, chez la fourmi, sa voisine. »
La fourmi est une bosseuse, là où la cigale est flâneuse.
Le système lui convient super. Et le chant elle n’en a que faire.
Son truc à elle c’est travailler. Sans s’arrêter sans sourciller.
Y a pas de mal puisque ça lui convient.
Et la fourmilière le lui rend bien.
Le vrai problème pour la fourmi, ce sont les autres choix de vie.
Si la cigale n’a pas d’argent. Elle la voit comme un tire au flanc.
J’voudrais pas trop dire de crasses,
Mais la fourmi c’t’une connasse.
« Tu as donc a chanté tout l’été, pour moi c’est de l’oisiveté »
Car si le chant remonte le moral des troupes, ça ne ramène quand même pas ta soupe. »
La fourmi alors la renvoit se faire balader, aller prendre froid.
Elle avait qu’à mettre de côté pour pas passer l’hiver à se les geler.
La voilà notre cigale la tête basse, sans le moral et toute fadasse
Elle en mêne pas large, elle a honte, elle pourrait mourir dans la seconde.
Elle pleure, elle pleure pendant des heures. N’ayant plus un admirateur.
En même temps quand elle y réfléchit, une fourmilière ça serait petit.
Et quand on est tout engoncé, comment peut-on encore chanter?
Toutefois au détour d’un chemin, elle croise quelques insectes mutins.
Parmi eux y a même des fourmis. Qui travaillent dure et sans répit.
De vraies bosseuses, des grosses bûcheuses.
Elles sont faites ainsi les fourmis.
Mais celles-ci après bien des déboires, cherchaient aussi un échappatoire.
Fatiguée du rythme de la fourmilière, de l’enfermement et du salaire.
Elles avaient alors quitter le nid, la fourmilière et leurs acquis.
Cherchant par tous les moyens sur terre de vivre légères et solidaires.
Ils marchent alors tous côte à côte. Parlant d’eux-mêmes et de leurs fautes.
C’est quand la cigale lance son chant, qu’ils font des yeux comme des ronds de flan.
Ils retrouvent alors joie et ardeur, qui les avaient quittés pour l’heure.
Fourmis abeilles et papillons construisirent yourtes et pavillons.
Et après des années de galères, la légèreté revint sur terre.
Pour les mal foutus, les biscornus, il y avait peut-être un salut.
Se donner la main ici-bas pour des loyers un peu plus plats.
Et c’est dans cette tribu nouvelle que la cigale fit des merveilles.
Valorisée pour ses talents elle en retrouva tout son allant.
Moralité : Le paresseux d’une norme fait la joie de la réforme.